Petites entreprises et politiques de formation
Marseille, le 6 juin 2013
Petites entreprises et politiques de formation
Les petites entreprises de 10 à 49 salariés, sont toujours aussi peu formatrices. 60% d'entre elles ne s'engagent pas ou très peu dans la formation et seules 6% semblent vraiment articuler recours important à la formation, stratégie économique et carrière de leurs salariés. Pourtant, au fil des accords et des lois, pouvoirs publics et partenaires sociaux ont réitéré leur volonté de développer l'accès à la formation pour tous les salariés. L'analyse menée par le Céreq est basée sur une interrogation en 2012 de 5 400 entreprises représentatives du secteur privé, cette enquête correspond au volet français de l'enquête européenne Continuing vocational training survey (CVTS). Pilotée par la commission européenne et Eurostat, elle est réalisée en concertation avec la DARES. Le dispositif d'information sur la formation employeur/salarié DIFES2 sur lequel s'appuie aussi cette étude permet de lier les caractéristiques des salariés et les politiques de formation menées dans les entreprises qui les emploient.
Les salariés des petites entreprises sont moins formés. Il est souvent avancé que ces entreprises ont une préférence pour d'autres formes de formation comme les formations en situation de travail, les rotations de postes ou encore l'autoformation ; or les enquêtes du Céreq permettent de démentir ce constat, quel que soit le type de formation recensé, toujours moins pour les salariés des petites entreprises. Ainsi, les formations en situation de travail ont concerné seulement 8% de leurs salariés contre 18% pour les salariés des entreprises de plus de 250 salariés.
Peu formatrices dans leur ensemble, les petites entreprises ont en réalité des politiques de formation hétérogènes. Cette étude a permis de dessiner le portrait de cinq types d'entreprise aux profils contrastés. 28% des entreprises de petite taille n'ont pas formé en 2010 ; il s'agit du premier type. Non réceptives à la formation continue, elles sont pour la plupart durablement non formatrices et ce n'est pas en lien avec la conjoncture. Car 80% d'entre elles estiment les compétences de leurs salariés suffisantes. Plus de la moitié d'entre elles orientent leur priorité sur la formation initiale, l'apprentissage concurrençant alors la formation continue notamment dans le bâtiment et l'hôtellerie-restauration.
32% des petites entreprises sont peu formatrices (type 2), elles ont formé avec objectif principal l'adaptation au poste de travail. Rares sont celles ayant mis en place les entretiens professionnels.
28% des entreprises se caractérisent par un recours important à la formation et mènent une politique structurée.
6% des petites entreprises ont totalement intégré la formation à la politique de gestion des ressources humaines et à la stratégie économique. Elles sont plus fréquemment organisées en réseau, elles sont davantage soumises à des changements organisationnels et technologiques.
Dans un dernier type (6% des entreprises) le plus formateur, les employés sont surreprésentés soit 54% ; la diffusion de l'information et les entretiens individuels sont de pratique courante. Le recours au DIF est très important ainsi que le hors-temps de travail. Il s'agit principalement du secteur tertiaire.
Le développement de la formation va donc de pair avec une politique structurée et organisée, une réflexion inscrite dans la durée. Grandes parmi les petites, les entreprises dans ce cas sont aussi plus souvent filiales de groupes.
Les petites entreprises qui ne forment pas, avancent l'absence de besoin de formation. Ce qui interroge l'injonction à former et à accroître les taux d'accès à la formation des salariés de ces entreprises. La question se pose alors : faut-il, susciter une appétence des petites entreprises pour la formation ? Et si oui, comment ?
Pour en savoir plus :
Bref n°310 - Variété des politiques de formation continue dans les petites entreprises. Mai 2013. Auteure : Isabelle Marion-Vernoux. En ligne sur le site du Céreq et en fichier attaché.