Info, dépêche ou communiqué de presse


mardi 25 novembre 2003 à 16h00

Une nouvelle étude de la LSE remet en cause les bénéfices supposés du commerce parallèle des médicaments dans l'UE


LONDRES, November 25 /PRNewswire/ -- Une étude fait ressortir que les patients ne dégagent pas d'économies directes et que les opérateurs du marché parallèle sont les premiers bénéficiaires.

Une nouvelle étude menée par la London School of Economics and Political Science et rendue publique aujourd'hui remet en question la thèse classique selon laquelle le marché parallèle des produits pharmaceutiques profite aux parties prenantes du secteur de la santé et aux patients par l'ouverture du marché des médicaments et la réduction des coûts.

L'étude, qui analyse l'impact du marché des médicaments d'ordonnance de marque à l'intérieur de l'Union européenne, suggère que même si le volume global des importations parallèles de médicaments reste en progression, les parties prenantes du secteur de la santé ne réalisent pas vraiment les économies prévues. D'autre part, l'étude révèle que les bénéfices provenant des importations parallèles profitent surtout aux sociétés tierces spécialisées dans l'achat et la revente de ces médicaments. Intervenant alors que la plupart des pays de l'Union européenne ont adopté une législation encourageant le recours aux importations parallèles de médicaments, l'étude est une lecture incontournable pour tous les acteurs concernés par le débat, du consommateur au gouvernement.

Le principal objectif de l'étude de la LSE était de servir de fondement à l'évaluation des conséquences futures sur les politiques sanitaires et industrielles des importations parallèles, en tenant tout particulièrement compte du principe fondamental de la libre circulation des marchandises au sein de l'Union européenne. Le commerce pharmaceutique parallèle s'entend de l'importation de médicaments de marque provenant d'autres pays de l'UE où les gouvernements ont fixé des prix relativement bas pour les nouveaux médicaments innovants. Partant, le commerce pharmaceutique parallèle est le fruit de la fixation des prix à l'échelle nationale et de la liberté de circulation des marchandises dans l'UE. L'un des principaux facteurs à l'origine de l'étude vient du manque de données officielles sur les importations ou exportations parallèles de médicaments de la majorité des pays de l'UE, rendant impossible tout débat éclairé sur les avantages et les inconvénients d'une telle pratique.

Jusqu'à présent, le commerce parallèle de médicaments d'ordonnance trouvait sa justification dans une série d'hypothèses économiques fondamentales et largement admises dont l'équipe de la LSE dresse un récapitulatif :

1. Effet inter-pays : le commerce parallèle se traduit par une péréquation des prix entre les pays, << arbitrage >> débouchant sur une amélioration du fonctionnement du marché.

2. Effet pays de destination : le renforcement de la concurrence des prix dans les pays de destination se traduit par une réduction de l'ensemble des prix pharmaceutiques, au profit des payeurs et des patients.

3. Effet global de bien-être : si la concurrence des prix est le produit du commerce parallèle, alors la convergence des prix en résultant peut se traduire par des améliorations globales en termes de bien-être pour les payeurs.

4. Bénéfices pour les patients : l'accès des patients aux médicaments innovants est amélioré, avec à la clé une baisse des coûts directs et indirects.

5. Incidence sur le secteur : le commerce parallèle a une incidence mineure sur le secteur pharmaceutique dans son ensemble en termes de rentabilité et de potentiel d'innovation et améliore l'efficacité globale du secteur.

Les résultats préliminaires de l'étude de la LSE, partiellement financée par Johnson & Johnson, apportent désormais des éléments concrets permettant de réfuter toutes ces hypothèses. Il ressort clairement de cette étude que la grande majorité des bénéfices tirés du commerce parallèle reviennent directement aux importateurs parallèles, dont le chiffre d'affaires et les bénéfices bruts s'accroissent au fil du temps au même rythme que le taux de pénétration. Si l'on prend le même échantillon de produits dans tous les pays étudiés, on observe que la part des importations parallèles dans les ventes 2002 aux six principaux pays de destination ne représente que 0,3 à 2 % des budgets nationaux alloués aux médicaments, soit une économie totale de seulement 43,1 millions d'euros (ou 99,2 millions d'euros compte tenu de la récupération) par rapport aux produits mis au point et fabriqués localement. En revanche, les importateurs parallèles ayant acheté ces mêmes médicaments dans toute l'UE ont enregistré des bénéfices de 622 millions d'euros. Au Royaume-Uni, le NHS a économisé 55,9 millions d'euros (récupération incluse), soit 2,4 % du budget des médicaments, à la faveur des importations parallèles en 2002, contre une marge sur coût d'achat de 49 % et des bénéfices de 469 millions d'euros réalisés par les importateurs parallèles ayant vendu ces produits.

Le professeur Panos Kanavos, maître de conférence sur les politiques de santé dans le monde à la LSE, a déclaré : << Cette étude montre clairement l'urgence de poursuivre le débat avant d'adopter toute nouvelle législation en faveur du commerce parallèle, aux niveaux national et communautaire. Rien n'indique la présence d'une concurrence des prix dynamique et durable dans les pays de destination, ni des économies de coûts indirects corrélatives. Les avantages présumés de ce système méritent d'être réexaminés. >>

Les principales conclusions de l'étude ont été exposées dans leurs grandes lignes aujourd'hui à l'occasion d'une manifestation à la British Medical Association à Londres. L'étude fait actuellement l'objet d'un examen par les pairs et sera publiée en temps utile sur le site Web de la LSE.

Méthodologie

L'équipe de recherche de la LSE a exploité la base de données de ventes de produits pharmaceutiques d'IMS pour retracer les sources, les coûts d'acquisition et les ventes de certains médicaments dans l'Union européenne. La recherche s'est focalisée sur la vente de dix-neuf médicaments à volume élevé choisis parmi six grandes catégories de médicaments sur la période courant de 1997 à 2002, notamment trois types de médicaments largement prescrits contre les maladies cardiaques (statines, inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine I et II), les meilleures ventes de médicaments de traitement des maladies gastro-intestinales et de la dépression (pompe à protons et inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine respectivement) et les antipsychotiques atypiques.

Les pays de destination dans l'UE retenus étaient l'Allemagne, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. Les pays sources dans l'UE regroupaient tous les Etats membres autres que les pays de destination examinés à ce moment donné.

A propos de la LSE

La London School of Economics and Political Science (LSE) est la première institution de sciences sociales du monde en termes d'enseignement et de recherche. Véritable << laboratoire des sciences sociales >>, l'école jouit d'un profil universitaire couvrant un vaste éventail de disciplines : économie, relations internationales, droit et administration, sociologie, systèmes d'information, comptabilité et finance. L'enseignement et la recherche se répartissent en 18 départements et plus de 30 instituts et centres de recherche. La LSE compte près de 7 000 étudiants à temps plein et quelque 750 étudiants à temps partiel. Depuis sa création en 1895, la LSE maintient un niveau élevé de réalisations dans le domaine de la recherche. Dans la dernière évaluation de la qualité de la recherche dans les universités britanniques, le Research Assessment Exercise, la LSE s'est classée à la deuxième place derrière Cambridge. La LSE a soumis 97 pour cent de son personnel à évaluation, soit plus que toute autre université britannique.

© 2002-2025 BOURSICA.COM, tous droits réservés.

Réalisez votre veille d’entreprise en suivant les annonces de la Bourse

Par la consultation de ce site, vous acceptez nos conditions (voir ici)

Page affichée lundi 6 octobre 2025 à 4h47m39