Vin et Société : Dans l'impasse, les viticulteurs et négociants de France se mobilisent pour défendre l'avenir de la filière viti-vinicole française
Paris, le 24 février 2004 - L'ensemble des professionnels de la filière viti-vinicole française se mobilise pour interpeller les responsables politiques et clarifier leur position sur la place du vin dans la société. Viticulteurs et négociants de France revendiquent un développement harmonieux de la filière viti-vinicole française, respectueux des objectifs nationaux de Santé Publique. Un communiqué collectif interrogeant les pouvoirs publics sur l'avenir de la filière viti-vinicole française sera publié le 25 février dans Le Monde, Le Figaro, ainsi que dans plusieurs titres de la presse quotidienne régionale. Par ailleurs, une rencontre avec le Premier Ministre et un débat national avec les parlementaires sont prévus dans les prochains jours.
Le vin français fait aujourd'hui face à une crise structurelle et conjoncturelle
L'ensemble de la filière viti-vinicole française fait aujourd'hui face à une situation économique tendue, à la fois en France et à l'international. Cette situation est liée à la conjugaison d'éléments à la fois structurels et conjoncturels :
- la forte hausse de l'Euro, la crise économique internationale ainsi que la dégradation de l'image de la France dans certains pays ont considérablement affaibli les exportations de vin à l'étranger ;
- les fortes chaleurs de cet été ont entraîné une baisse de production sur l'ensemble des terroirs français ;
- la baisse de la consommation de boissons alcoolisées au cours de ces 20 dernières années a principalement été supportée par le vin et s'accentue. Elle concerne aujourd'hui toutes les catégories de produits dans un marché mondial à la concurrence exacerbée.
Cette situation est aggravée par la décision, en décembre dernier, du TGI de Paris contre la campagne de communication du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Cette décision donne une interprétation extrêmement restrictive de la loi Evin et empêche désormais la filière de communiquer sur la qualité et les spécificités de leurs vins. Pour autant, cette interprétation de la loi Evin place la filière française, comme les professionnels de la santé publique face à un paradoxe. Ces restrictions, qui interdisent tout langage pédagogique favorisant une consommation responsable, servent-elles vraiment la cause de la santé publique ?
' Aujourd'hui, la place du vin dans notre société est dégradée. Non seulement les générations futures seront de moins en moins capables d'apprécier un vin pour ses qualités oenologiques, mais de nombreux viticulteurs et négociants voient aujourd'hui leur avenir menacé par la difficulté croissante à vendre leur vin. Il nous semble que ces enjeux, à la fois sociaux, culturels et économiques, méritent une réflexion de fond, collective et concertée, en dehors de procédures juridiques et de dispositifs réglementaires unilatéraux ' indique Xavier Carreau, Président de Vin et Société.
Au même moment, les autorités politiques semblent faire évoluer leurs principes de politiques de Santé Publique, substituant la notion de consommation faible à celle de lutte contre les abus (messages sanitaires, hausse de la taxation, et durcissement de la loi Evin).
Les vignerons et les entreprises des vignobles de France se mobilisent pour interpeller les pouvoirs publics
Face à cette impasse, l'ensemble des vignerons et entreprises des vignobles de France a décidé d'interpeller les responsables politiques sur la place du vin dans la société française, sur l'avenir de la filière et leur volonté de construire ensemble l'avenir des produits viticoles en harmonie avec les politiques de Santé Publique.
Pour se faire entendre, les vignerons et entreprises de vignobles de France ont décidé de mener ensemble trois actions conjointes :
- La publication le 25 février prochain d'un communiqué collectif dans le Monde et Le Figaro ainsi que dans plusieurs quotidiens régionaux les 25 et 26 février prochains (Le Bien Public, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, L'Alsace, l'Indépendant, La Tribune de Montélimar, La Dépêche, Le Midi Libre, Sud-Ouest, etc.) ;
- Une rencontre le même jour entre le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin et des représentants des principales régions viticoles françaises ;
- L'organisation d'un débat national sur la place du vin dans la société française avec les parlementaires des régions viticoles le 3 mars 2004.
Concernant le communiqué collectif ' L'Interdit est-il le seul avenir du vin en France ? ', celui-ci est signé par l'ensemble des départements viticoles français. La reprise du code sanitaire des paquets de cigarettes permet de souligner le risque prohibitionniste auquel est confrontée aujourd'hui la filière, notamment en matière de communication. Pour autant, le message se veut interrogatif et non agressif. ' Notre volonté n'est pas pour l'instant de rentrer dans un rapport de force avec les pouvoirs publics. Nous souhaitons simplement sensibiliser l'opinion publique et interpeller les élus sur la place du vin et des vignerons dans notre société ' explique Xavier Carreau.
Les professionnels du vin souhaitent un engagement ferme de la part des élus sur leur avenir, dans une logique de respect des enjeux de santé publique
La filière viti-vinicole française demande aux pouvoirs publics et aux élus nationaux de s'engager clairement sur les interrogations suivantes :
- Les responsables politiques français souhaitent-ils s'engager vers une politique inspirée par celle appliquée au tabac ou souhaitent-ils au contraire préserver le patrimoine viticole français tout en garantissant une politique responsable de Santé Publique?
- Les élus sont-ils prêts, dans une logique de partenariat, d'ouverture et de prise en compte des enjeux de tous, à mettre en place une démarche constructive associant les élus de la filière et l'administration, afin de préparer ensemble le cadre réglementaire et professionnel permettant le développement de la filière viticole et une véritable politique d'information, de formation et de prévention des comportements à risques ?
- Si oui, sont-ils prêts à s'engager sur un moratoire garantissant durant ces 18 prochains mois un climat d'apaisement et de concertation ?
La filière viti-vinicole française est favorable à la lutte contre l'alcoolisme et l'insécurité routière. Elle mène depuis plusieurs années à travers des associations comme l'Agence Française d'Information sur le Vin (Afivin) des actions de pédagogie et de sensibilisation des consommateurs aux risques de l'alcoolisme. Commentant ce dernier point, Xavier Carreau déclare : ' Nos revendications ne sont pas antinomiques d'une politique de santé publique responsable. Au contraire, nous souhaiterions jouer un rôle plus actif dans ce domaine, comme par exemple au Québec, où les professionnels du vin ont été invités à participer à une réflexion nationale menée avec les professionnels de santé. '
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Note aux rédacteurs :
Vin et Société
Association qui regroupe l'ensemble des organisations professionnelles des vignerons et négociants en vin des secteurs des AOC, vins de pays et vins de table de l'ensemble des régions viticoles. Elle a vocation à affirmer les positions de la filière en ce qui concerne la place du vin au sein de la société française et permettre son expression politique, notamment en matière de santé publique et de communication.
Vin et Société représente :
- AFED : Association Française des Eleveurs Embouteilleurs Distributeurs de Vins
- ANIVIT : Association Nationale Interprofessionnelle des Vins de Table et des Vins de Pays
- CCVF : Confédération des Coopératives Vinicoles de France
- CFVDP : Confédération Française des Vins de Pays
- CNAOC : Confédération Nationale des Producteurs de Vins et Eaux-de-Vie de Vin à Appellations d'Origine Contrôlées
- CNIV : Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine
- EGVF : Entreprises des Grands Vins de France
- VIF : Vignerons Indépendants de France
La filière viti-vinicole française en quelques chiffres
- 144 000 exploitations viticoles
- 850 caves coopératives
- 1 400 entreprises de négoce
- une production moyenne de 53 millions d'hl chaque année
- un CA production de 11 milliards d'euros dont 5,8 milliards à l'export
- 240 000 actifs permanents et 36 000 saisonniers
- 75 000 salariés directs
- 300 000 emplois indirects (transports, fournisseurs, distribution, restauration...)
- une baisse de la consommation du vin de près de 33% entre 1980 et 2003
- La baisse de consommation d'alcool entre 1961 et 2003 est essentiellement supportée par le vin : une baisse de la consommation du vin de plus de 57% contre une baisse en alcool pur (tout alcool confondu) de seulement 39,5%
- 150.000 ha de vignes arrachées en 15 ans (15% des surfaces viticoles)
- 25% de la surface restructurée en 25 ans
- la filière acquitte plus de 3,3 milliards d'euros en impôts indirect
- Un rôle déterminant dans le tourisme, la distribution alimentaire et la restauration
Le communiqué dans son intégralité est disponible sur http://www.companynewsgroup.com
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