Interview de Francois Junca, Président du Conseil de Surveillance de Latécoère (AcT)

Q : Airbus a confirmé l’arrêt du processus de cession des sites de Méaulte et St Nazaire. Quelle est votre réaction ?
R : Une extrême déception après plus d’un an d’intense travail pour mener à bien ce projet.

Q : Quelles sont à votre avis les raisons de cet échec ?
R : Il y a évidemment plusieurs raisons :

• Une conjoncture économique maussade sur fond de crise financière aux Etats-Unis,
• Une parité euro dollar issue du désordre monétaire international et de la politique de la BCE qui pénalise l’aéronautique européenne,
• La volonté exprimée par Airbus à plusieurs reprises d’avancer de manière similaire en Allemagne et en France,
• L’incapacité à trouver une solution en Allemagne,

Q : Aviez-vous trouvé les investisseurs nécessaires à l’augmentation de capital de 300 M€?
R : Oui, le tour de table était pratiquement bouclé avec la participation de la CDC, de fonds de pension et d’investisseurs étrangers.

Q : Comment voyez-vous l’avenir du groupe Latécoère ?
R : Notre portefeuille de commandes représente plus de 4 années de Chiffre d’Affaires. Nos produits sont livrés aux principaux avionneurs mondiaux : Airbus, Boeing, Dassault, Embraer et Bombardier. Nos clients ont besoin de nous. Notre objectif n’a pas changé, il faut livrer des produits de qualité au prix du marché.
La parité actuelle 1€ = 1,55 $ nous contraint à faire croître la production  dans nos filiales et chez nos sous-traitants à coût bas, ce qui se traduira à terme par une réduction importante de notre activité en France.

Q : Vous n’allez quand même pas procéder à des licenciements ?
R : Rien n’est exclu. Les contrats temporaires des fonctions techniques et administratives (environ 200 personnes) ne seront pas renouvelés.
Les « cols bleus » sont pour le moment protégés par les cadences de production en croissance.

Q : Vous dites pour le moment, et demain ?
R : Cela dépendra des résultats des négociations à venir avec nos clients.

Q : Comment voyez-vous votre participation au programme A350 ?
R : Nous avons des moyens d’ingénierie importants et des capacités de production compétitives qui sont à la disposition d’Airbus. Toutefois, pour donner la priorité à l’amélioration de notre situation financière, il est exclu de financer les phases de développement des produits.

Q : Quel avenir voyez-vous aux fournisseurs de structure en France ?
R : Cette décision d’Airbus prive la France de la possibilité de constituer un leader mondial dans le domaine des Aérostructures. La charge de travail de l’ensemble du tissu industriel aéronautique français est assurée à court terme grâce à la croissance des cadences de production d’avions. Cependant l’activité à moyen et long terme sera compromise. En effet, Airbus poursuivra sa politique de recherche de partenaires à risque dans la zone dollar pour réaliser des ensembles d’Aérostructures.

Q : Vous êtes pessimiste pour l’avenir ?
R : Oui, et tout particulièrement pour la région Midi-Pyrénées car une occasion exceptionnelle a été gâchée.

A propos de Latécoère

Groupe international partenaire de « rang 1 » des grands avionneurs mondiaux (Airbus, Embraer, Dassault, Boeing, Bombardier), Latécoère intervient dans tous les segments de l’aéronautique (avions commerciaux, régionaux, d’affaires et militaires), dans trois  domaines d’activités :

• Aérostructure (68 % du CA) : tronçons de fuselage et portes,
• Câblages et systèmes embarqués (27 % du CA) : câblage, meubles électriques et équipements embarqués.
• Ingénierie et services : (5 % du CA) : études, conception et réalisation d’outillages.

Le Groupe emploie 3800 personnes dans 8 pays différents.
Son chiffre d'affaires consolidé pour 2007 est de 489 M€ et  le portefeuille de commandes s’élève à 1 820 M€

Latécoère est coté au compartiment B de Euronext  NYSE  Paris.  Indices : SBF 250, CAC MID&SMALL 190, SMALL 90 - Codes ISIN : FR0000032278  -  Reuters : LAEP.PA  -  Bloomberg : LAT.FP