Compte rendu COUTELLIA 2011

Le 21e Salon International de la coutellerie d'art COUTELLIA, organisé par la CCIT du Puy-de-Dôme, s'est tenu à Thiers (63) les 21 et 22 mai 2011. 116 exposants représentant 13 pays et 3 continents, ont accueilli 3.200 visiteurs venus du monde entier.

Coutellia, le salon référence de la coutellerie d'art

Au petit matin, bien avant l'heure d'ouverture, ils étaient prés d'une centaine à attendre devant la porte de la salle Jo Cognet à Thiers. Des hommes pour la plupart.

Ces visiteurs bien particuliers sont des collectionneurs voulant être les premiers à entrer dans le salon pour foncer vers la table d'un coutelier auprès duquel il tenait à  acquérir la ou les plus belles pièces. Ces collectionneurs viennent du monde entier pour trouver la pièce qui manque à leur collection. Et, de toute manière, il leur en manque toujours une !

Toute la journée du samedi fut un flot continu de visiteurs. Plus de 1700. Dont beaucoup d'acheteurs. Les visiteurs sont venus de toute la France, y compris des lointaines terres de La Réunion et de La Nouvelle Calédonie. Mais aussi du monde entier -Allemagne, Angleterre, Belgique, Chine, Espagne, Italie, Luxembourg, Portugal, République Tchèque, Russie, Suisse, USA-.

Une nouveauté : le visitorat s'est féminisé. Les femmes viennent sur le salon, non seulement en accompagnatrice, mais aussi pour leur propre plaisir. Les couteliers ont anticipé ce phénomène et ont proposé sur de nombreuses tables des modèles plus légers, plus élancés, en un mot plus féminins qui ont souvent trouvé preneuse. Ces couteaux, de taille plus petite, véritables bijoux, trouvent aisément leur place dans une pochette et encore plus dans un sac à main. 

Le coutelier d'art ne fabrique que des pièces uniques. Chacune a une histoire, une identité. Elle est le reflet de sa personnalité, parfois de son humeur, et en aucun cas il n'omettra de la signer. Chaque coutelier possède sa signature, son insculpation, frappée dans la lame. Comme le dit Jacques Mongin, MOF en 1965, et qui vient à Coutellia depuis presque 20 ans «mes couteaux sont  la fusion d'un savoir-faire ancestral et d'une tradition née au cœur du bassin de Nogent. La signature Mongin, c'est l'alliance entre ce savoir-faire et des matériaux rares, aux qualités exceptionnelles et sélectionnés spécifiquement pour chaque couteau».

Les couteliers d'art de la table étaient aussi présents à l'image de Claudine Dozorme qui a repris la coutellerie familiale créée en 1902 à Thiers. Elle a su innover en sortant les couteaux de la cuisine pour en faire un réel objet de décoration de la table. Elle a su «industrialiser» la production de couverts de table, pour la maintenir à Thiers, tout en préservant une qualité française et en conservant une entreprise à taille humaine.

Dans le parfait esprit du thème du concours 2011 prônant le recyclage, elle a cédé  des «chatilles», chutes de découpe de fourchettes, cuillères, couteaux à Nathalie Girardin. Cette artiste a créé des luminaires à partir de ces chatilles en leur donnant forme et en les garnissant de matières de couleurs, papiers, résines,... qu'elle a exposé  sur le salon.

Les couteliers pouvaient aussi faire leur marché sur les stands des fournisseurs spécialisés. Bois précieux, ivoire et dents de mammouth, cornes et dents de toutes sortes d'animaux, cuirs, machines spéciales de perçage, d'affutage, sans oublier les aciers spéciaux, toutes les catégories de fournisseurs spécifiques à la coutellerie d'art étaient représentées.

Eurotechni, de La Monnerie le Montel (63), fidèle de ce salon, vend des métaux et différents aciers de coutellerie, d'outillage, inoxydables. Et constate avec bonheur que la création artistique explore de plus en plus de domaines qui dépassent largement la coutellerie traditionnelle. Depuis sa création, l'entreprise est à l'écoute de ses clients couteliers et créateurs pour leur apporter soutien et solutions pour réaliser les idées et projets surgis de leur imaginaire. 

Ce sont en tout plus de 3200 visiteurs qui ont découvert toutes ces merveilles durant deux jours.

Le couteau à partir de matériaux recyclés

12 couteliers d'arts ont participé au concours de création de couteau sur le thème du recyclage. Présidé par Michel Habouzit, petit fils de coutelier et directeur général adjoint du journal La Montagne, le jury composé de 9 membres a désigné les 3  gagnants.

Le 1er prix à Jean-Pierre Veysseyre, coutelier thiernois, qui a réalisé un Thiers de 5 pièces employant un maximum de produits de récupération.

Pour réaliser ce couteau en damas, il a employé de l'acier et du fer. Il a utilisé des fers très anciens. La ferraille d'aujourd'hui provient de la refonte du tout venant et ne possède pas  les qualités spécifiques qu'il recherche. Le damas de la lame est un amalgame de 2 métaux, maintes fois replié sur lui-même lors de la forge. Le lavage à l'acide de la lame révèle les veines d'acier qui devient noir, alors que le fer reste blanc.

Le 2e prix est revenu à Nicolas Couderc, jeune coutelier d'Axat (11), ancien élève de la coutellerie thiernoise. Son couteau est fait à 100 % de matériaux recyclés. Lame et pompe en chaîne de tronçonneuse. Platine en scie égoïne. Clous de menuisier. Côte en carte mère informatique.

Le 3e prix est allé à Jean-Pierre Beal, coutelier de Bulhon (63). Son couteau à huître fermant est issu complètement de matériaux dits «de récupération» qui étaient destinés à la décharge. Bois de crosse de fusil cassée, chambre à air en caoutchouc faisant office de ressort.

Des animations appréciées et très fréquentées

Lieu d'échange et de partage, l'atelier de montage du Thiers® a été très fréquenté et certains seront contraints de revenir l'année prochaine pour monter leur couteau !! Bien que nombreux et dévoués, les  membres de la confrérie du Couté de Tié n'ont pu totalement répondre à la demande tant elle fut importante. Le nombre de candidats adultes est chaque année plus nombreux et celui des enfants pour confectionner leur tartineur suit la même courbe.

Le salon est aussi un grand moment de partage et d'amitié entre les couteliers. L'atelier de forge en est le plus bel exemple. C'est un véritable spectacle, non seulement de forge mais aussi de théâtre. Chaque forgeron ou coutelier rivalise de bons mots, de saillies, d'amicales moqueries et railleries. Puis, sans transition deviennent sérieux, échangent, confrontent leurs avis et expériences pour réaliser une pièce de «L'Arbre à Lames» ou de l'épée de Vercingétorix qu'ils sont en train de forger. Pendant ce temps, André Maltaverne forge des lames à partir de câbles d'ascenseur, ce qui leur donne un aspect particulier. 

Jeunes, moins jeunes et plus anciens, comme André Maltaverne avec ses 76 printemps, échangent dans le respect du travail de chacun. Car, comme ils disent, «Nous sommes une grande famille».

Et c'est ainsi que les ferronniers d'art Catalans ont travaillé avec leurs homologues Thiernois pour achever l'Arbre à Lames débuté en 2010. Des couteliers thiernois, mais aussi américains et allemands ont forgé des lames destinées à être accrochées aux branches de l'arbre porteur d'une magnifique fleur, elle aussi forgée.

Henri Viallon et Dominique Chambriard ont relevé le challenge du graveur Sergio Toppi* dont des dessins étaient exposés à Coutellia : fabriquer l'épée de Vercingétorix en 48 heures afin de la sceller dans la roche à la manière d'Excalibur. La lame de l'épée, avec une gorge centrale, a été forgée à partir d'un cylindre d'acier qui a été étiré, aplati, travaillé au martinet et au marteau sur l'enclume. La garde, la poignée et le pommeau ont été forgés à partir de barres de fer par les forgerons catalans. L'épée, une fois scellée dans la pierre, tout comme «L'arbre à lames», sera exposée dans la ville de Thiers

*Sergio Toppi, un des maîtres italiens du 9e art et de l'illustration exposera ses œuvres, dont Le tarot des origines, à l'usine du May, à Thiers, jusqu'au 31 août 2011.                                 

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